Lettre au Dr Mostefaï de Jean-Marie Tiné Eskumenia

Publié le par Chawki MOSTEFAÏ

Cher ami,

Vous avez attiré mon attention sur un livre de George Fleury Histoire secrète de l'OAS que je me suis donc procuré pour aller directement à la lecture du chapitre84 "L'OAS pactise avec le FLN".
A la page 869, Fleury écrit une contre-vérité flagrante en affirmant que vous avez participé à la réunion du 1er juin 1962 au Bordj, chez Jacques Chevallier. Ceci est totalement faux. Tout ce que Fleury présente ensuite aux pages 870 et 871 comme des décisions ayant reçu l'approbation des trois personnages principaux, c'est-à-dire vous-même (qui n'y étiez pas), Farès et Susini au cours de cette réunion du 1er juin, n'est rien d'autre que la proposition univoque faite par l'OAS dès le lendemain du tête-à-tête Farès-Susini le 18 mai à l'Alma. Quant à l'amnistie et la ratification conclus (page872), il n'en a nullement été question le 1er juin.

Contrairement à tout ceux que Fleury écrit sur cette réunion, je précise qu'elle a été entièrement consacrée à l'examen du document représentant le contre-projet de Farès, à ne surtout pas confondre avec la proposition OAS précipitée.
Enfin, vous aurez certainement remarqué, Fleury ne fait aucune mention de la seule et unique réunion au cours de laquelle vous avez effectivement rencontré Susini, c'est-à-dire celle qui s'est tenue chez moi le 15 juin 1962 en présence de Farès, Jacques Chevallier et moi-même.

Que signifie cette insolite bizarrerie de la part d'un auteur prétendant faire un récit "historique" ? Après ces mises au point, je veux aussi rappeler que Jacques Chevallier et moi, qui avions depuis des années eu à subir les critiques et les foudres des "ultras" puis de l'OAS, avons néanmoins accepté de nous entremettre, à la demande de Susini, dans ses discussions avec le FLN à la seule condition d'un arrêt immédiat des attentas.

Pourquoi avons-nous accepté d'intervenir ? Parce que c'était enfin l'occasion, avec quelques hommes de bonne volonté venus de tous les horizons et de camps opposés, de tenter l'impossible pour mettre un terme à une inutile boucherie et d'empêcher que ce long drame ne se termine en St Barthélemy.
Je pense que nous y avons partiellement réussi.
Comme l'a très bien dit Jacques Chevalier en préfaçant l'Accord FLN-OAS écrit par Fernand Carréras que je considère avec lui comme un "livre vrai":

"Qu'on nous juge comme on voudra. Mais qu'on se demande aussi ce qui, dans le climat démentiel de juin 1962, serait advenu quinze jours plus tard si nous avions échoué."

Très amicalement vôtre.

Jean Marie Tiné Eskumenia

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